Rencontre avec le « facteur Cheval » du Nicaragua

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Avez-vous déjà entendu parler du facteur Cheval ?

Facteur rural du XIXe siècle à Hauterives dans la Drôme, le facteur Cheval a construit pendant près de 33 ans son « palais idéal » grâce aux pierres amassées lors de ses tournées quotidiennes d’une trentaine de kilomètres. Autodidacte, il s’inspire de la nature, des premières cartes postales et magasines qu’il distribue pour construire son œuvre classée monument historique par André Malraux en 1969.

Partie le mois dernier en voyage de reconnaissance au Nicaragua,  j’ai eu la chance de rencontrer un artiste hors du commun, qui m’a étrangement rappelé l’histoire connue du facteur Cheval.

 A la rencontre de l’artiste sculpteur Don Alberto

 Dans la montagne Nicaraguayenne de la région d’Estelí, à 1350 mètres d’altitude, je parcours les diverses « fincas »,  autrement dit propriétés rurales jusqu’à celle que je recherche : « el Jalacate ». Le chemin pour s’y rendre est rude : entrecoupé de pierres et en altitude. Je suis heureuse d’arriver à destination. Je me retrouve accueillie par les frères et sœur de Don Alberto, tous d’une soixantaine d’année, paisibles et souriants. Ils me font signe de suivre mon chemin sur leurs terres  afin de rencontrer Don Alberto.

 

Arrivée chez Don Alberto
Arrivée chez l'artiste Don Alberto © Elodie Lefèvre-Leroudier

 

 

 

Une rencontre fascinante

Je découvre alors un homme d’environ soixante-dix ans, grand et fin, le cheveu blanc, les yeux vifs d’un bleu intense, entrain de sculpter sur l’une des innombrables pierres qui l’entourent. Il me dit avoir toujours vécu sur cette terre, et s’être dédié à la sculpture sur des pierres naturelles depuis bientôt 40 ans. A l’âge de 9 ans, il aurait eu un songe l’incitant à retracer son histoire et celle du Nicaragua sur la pierre. Depuis, aux aurores, grâce à ses rêves et inspirations, Don Alberto sculpte; travail de plusieurs heures, travail de plusieurs jours, peu importe, ici le temps s’est arrêté.

 

Don Alberto, le facteur cheval du Nicaragua
Don Alberto, le "facteur cheval" du Nicaragua © Elodie Lefèvre-Leroudier

 

 

 

Sculpteur mais aussi poète

Ensemble, nous parcourons la propriété où forêt sèche et pierres s’entremêlent. Plus loin, nous atteignons, un mur de pierres totalement sculpté année après année par Don Alberto : des représentations d’églises, du prophète, mais aussi d’animaux tel que jaguar et éléphants sont gravés pour toujours.

Face à cette œuvre, les montagnes, les vallées, le vent.  L’endroit est source d’inspiration, et Don Alberto est aussi poète. Chemin faisant, il me récite plusieurs de ses petits poèmes. Je comprends alors que j’ai à faire à un artiste hors norme, un homme sensible et humble vivant au milieu des montagnes, en parfaite harmonie avec la nature.

 

Eléphant sculpté en pierre
Eléphant en pierre sculpté par Don Alberto © Elodie Lefèvre-Leroudier

 

 

 

Une renommée grandissante

Don Alberto a depuis acquis une certaine renommée ; les agences de tourisme du pays le connaissent et n’hésitent pas à envoyer des voyageurs découvrir ce sanctuaire de pierres d’un autre temps, ce musée en plein air de sculptures sur pierres naturelles. Des vidéos présentant Don Alberto sur ces terres sont maintenant disponibles sur la toile.

En fin de matinée, je suis sortie de « El Jalacate ». Ce fut une rencontre unique et authentique d’un artiste au naturel que je suis loin d’oublier. Et vous ? Avez-vous déjà fait une rencontre semblable ?

 

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